17 juillet 2007

Honnêteté Historique

J’hésite souvent entre colère et abattement quand on aborde des sujets tels que l’Histoire ou bien la politique. Mornes terrains de faiblesses humaines je vous hais ! Enfin, je hais ceux qui pratiquent la « correction » pour ne pas dire la mystification éhontée de faits qui deviennent des mensonges. Que les sombres desseins des Hommes viennent obscurcir l’horizon des rêveurs n’a rien d’étonnant, mais tout de même dans quel but inavouable va-t-on prêter des propos infâmes à une personne qui jamais n’aura d’opinions malsaines ? Pour se faire connaître ? Cela m’échappe.

Peu à peu je révise plus d’un lieu commun à la lumière de mes lectures hétéroclites et souvent je suis atterré par la vulgarité avec laquelle est traitée la précision historique. Cela va du petit détail omis qui fait toute la différence, jusqu’à la suppression pure et simple d’une période entière, comme si par enchantement notre Histoire avait trouvé le moyen de se comprimer pour tasser dans une alcôve sombre les résidus gênants de notre passé. Depuis l’antiquité élevée en modernité oubliée jusqu’aux récents évènements de la guerre d’Irak, rien n’est laissé intact et la complexité des situations devient toujours machinéenne : le bien contre le mal, l’occident contre l’orient, la paix contre la guerre. Sortez un peu de cette fausse innocence qui vous tient lieu d’étendard : le simple n’est pas Homme surtout quand il s’agit de relations humaines.

« C’est le vainqueur qui écrit l’Histoire ». Cette citation est d’une immense valeur quand on y songe car après tout, pourquoi le vainqueur avouerait-il ses erreurs, pourquoi ferait-il preuve de clairvoyance ? Auréolé qu’il est par sa puissance triomphante, le vainqueur devient souvent le nombril du monde ce qui lui permet d’occulter bien des écarts. Les USA ont agi avec force pour la libération du territoire Français lors de la seconde guerre mondiale. Observez donc : uniformes pimpants habillant des soldats distribuant vivres et douceurs, le tout au son des fanfares… mais on ne dit pas que les soldats se sont livrés au viol des allemandes, au pillage, aux destructions inutiles mais revendiquées comme étant des faits de guerre. « Nul n’est parfait » va-t-on me répondre en souriant avec ironie. Certes, l’Homme est faible, mais de là à totalement faire s’évanouir les images réelles de rage et d’envie de vengeance, j’ai du mal à suivre. Autre exemple pour ces messieurs à la bannière étoilée : pourquoi Dresde ? C’était une ville de repos, à l’arrière, sans réelle valeur stratégique. Effet psychologique du massacre de civils ou juste débarras de stocks surnuméraires de bombes incendiaires ? Certaines personnes parlent de coup au moral, d’effet dévastateur sur la combativité : alors expliquez moi la résistance de Berlin… j’ai dû rater un épisode.

La seconde guerre mondiale fut le premier conflit médiatique avec l’usage de l’image et du son. Jusque là, tout pouvait se censurer et se modifier. L’image, elle, ne ment pas et raconte une situation… encore que, les soviétiques ont joués la reconstitution pseudo historique pour l’arrivée de leurs troupes dans les camps de concentration. Bonne publicité bien orchestrée équivaut à propagande efficace. Reprenons la France aux jours sombres de l’occupation. Actuellement on enseigne aux gosses que «ah caca Pétain, ah méchant les collabos, ah que héros les résistants ». Bien. Vichy n’a pas été un gouvernement facile à gérer puisqu’il a fallu composer avec l’occupant, faire en sorte de le freiner sans pour autant le vexer, et réussir pardessus le marché à temporiser en espérant une aide extérieure qui se faisait attendre. Loin de moi l’idée de prétendre que le maréchal Pétain, gâteux et rétrograde a bien géré la situation, mais qui aurait pu prétendre mieux faire ? Bien des résistants ont crû dans l’administration Pétain, et ce n’est pas vrai d’affirmer qu’il était un ennemi de l’Etat. Si je me trompe, pourquoi a-t-il été préservé lors de son jugement ? Malaise et question gênante…

On nous pousse à la culpabilité pour bien des faits historiques, ou supposés tels. La décolonisation, l’esclavage, les croisades… dans tous les cas c’est la fibre historique que l’on tisse pour amadouer ceux qui auraient des envies de justice. Dans l’ordre : la décolonisation n’a été propre nulle part, que ce soit d’un côté comme de l’autre. Les extrémistes en Algérie ne se sont ils pas livrés à des actes barbares ? L’esclavage : les africains ainsi que les arabes ne le pratiquaient-ils pas et ne s’enrichissaient ils pas avec le sang de leurs frères ? Les barbaresques ne sont pas une vue de l’esprit mais une réalité historique. Quant aux croisades, même principe : l’invasion n’a pas été le fait de l’empire Ottoman peut-être ? Jérusalem n’a-t-elle pas subi les tueries après les victoires arabes ? Personne n’est totalement innocent.

Pondérons un peu le propos si tant est que ce soit faisable : l’histoire dérange autant qu’elle fascine et l’envie de la manipuler à son avantage est tout de même attirant. De fait le vainqueur appréciera sa gloire, le vaincu ruminera sa vengeance… et les autres subiront l’attente douloureuse d’une revanche. C’est ainsi : nous sommes faibles face à nos erreurs. Par contre, juste une chose : ne me collez pas la responsabilité des massacres nazis ou des barbaries de l’esclavage Français, je n’étais pas né d’une part, et d’autre part la culpabilité n’est pas génétique !

Pour finir : la guerre comme la paix, l’histoire des religions et celle de leurs adeptes est tachée de sang, noyée sous des flots de haine… et nous jouons encore les apprentis sorciers. On n’apprend donc rien aux élèves de l’ENA… je le crains…

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