02 juillet 2007

Accessoiriste !

Je me suis souvent demandé ce que pouvait représenter le travail des petites mains sur les plateaux de cinéma, car derrière le clinquant des décors, le falbala ondulant des robes estampillées « copie d’époque » et le maquillage à la truelle, il a ces gens qui, cachés par les noms en grands suivent et vivent du spectacle. Avant chaque démonstration de charisme d’un Bruce Willis sauveur du monde il y a des heures de pyrotechnie, pour un rush d’une cascade automobile des mois de planification, et pour quelques secondes de sublimation à l’écran des journées de sueur et de fatigue.

Franchement, que serait la jolie princesse toute de dentelles vêtue sans l’accessoiriste devant l’équiper ? Serait-elle foutue ne serait-ce que d’enfiler cette cuirasse de tissu ? Ce qui est fabuleux c’est qu’on rend hommage à des talents tels que les mimiques d’un comique ou les larmes que vous arrache une actrice dans un drame psychologique, et pourtant toute l’organisation gravitant autour de ce petit monde de nantis apporte une expérience et une expertise inégalée car savoir faire un décor c’est non pas le rendre crédible sur scène mais crédible à l’œil de la caméra. Avez-vous remarqué l’étrange vision qu’on quand on regarde des photographies prises d’un musée ? Cela semble trop brillant, trop faux, trop artificiel alors que paradoxalement un film en costumes doit sembler avoir été tourné « à l’époque ». Quel talent !

Modérons notre enthousiasme, là je parlais des professionnels, les irréprochables du pinceau ou du maillet, mais sont-ils tous à la hauteur ? Je reconnais une certaine hilarité quand certains détails me troublent ou même me choquent… bon c’est vrai aussi que les techniciens et décorateurs obéissent à la production qui a des exigences particulières, mais de là à faire n’importe quoi il y a des limites ! Prenons quelques exemples plutôt risibles : je me souviens d’un film de guerre (Quand les aigles attaquent avec Clint Eastwood) se situant pendant la seconde guerre mondiale, où atterrit… un hélicoptère bardé d’une croix gammée ! Pour information l’utilisation militaire de l’hélicoptère est postérieure au conflit. De fait le réalisme du film s’en trouve totalement brisé par cette incongruité historique. Et ce n’est qu’un exemple qui ne choquerait pas un néophyte se contentant d’un - finalement - bon film d’action. Là où bien des personnes doivent hurler à la mort c’est lors de scènes supposées se dérouler à l’étranger comme dans « Casino Royale » dernier du nom où l’action se passe au Monténégro. Oui si c’est le Monténégro je suis le pape Pie XII : les enseignes de boutiques mal traduites, les immatriculations fantaisistes et les lieux totalement inexistants. Bien sûr qu’on me dira que c’est un univers imaginaire, mais alors par pitié qu’on aille pas mettre des noms de pays sur des lieux inventés ! Comment réagirait le Français voyant une pseudo ville de France aux boutiques nommées en … Polonais ? Un peu de crédibilité ne nuirait pas.

Bien que ces travers prêtent à rire, encore que parfois j’en suis réduit à me demander si nos chers réalisateurs ont la moindre idée du terme crédibilité, il s’avère aussi que les accessoiristes sont eux-mêmes capables de faire n’importe quoi et ce malgré des budgets totalement délirants. Depuis le costume improbable en passant par le décorum ridicule jusqu’au maquillage criant d’un désir de vengeance contre la vedette il y a de quoi faire. Je suis un peu railleur mais à leur décharge il est aussi exact de dire que bien des films sont faits avec des bouts de ficelles, ficelles qui se voient à la diffusion (Ed Wood es-tu là ?).

Au final, je pardonne énormément aux équipes travaillant derrière la caméra plutôt que devant car elles ont en charge non seulement de composer avec le budget mais aussi et surtout avec ces acteurs qui vont depuis le personnage sympathique et avenant jusqu’au connard (je pèse mes mots) qui se prend pour une vedette alors qu’il n’est rien qu’un crétin prétentieux. Supporter l’hystérie du maniaco-dépressif dont la broche se décroche trop souvent, les hurlements de la cinglée jamais contente de sa robe ou les vagissements informes du débile se prenant pour Spielberg, je suis sidéré de constater qu’on n’entend jamais parler de bavures sur les tournages, parce que personnellement me faire engueuler par un péteux, il y a toutes les chances que je lui volerais dans les plumes et ferais de son mégaphone un joli suppositoire non remboursé par la sécurité sociale.

Au fond je suis content ! Et oui je ne suis ni une vedette ni un larbin…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

les meilleurs accessoiristes sont dans les films de série Z ! lol