07 juin 2007

Apologie de la non violence

La lutte…

Se battre…

Résister…

Ces thèmes sont à nos yeux embourbés de la molle vacuité des médias actuels des situations vitales, surtout lorsqu’il s’agit d’obtenir ou de défendre des droits fondamentaux tels que la Liberté ou l’indépendance. Bien entendu la dialectique est violente : lutter contre l’ennemi, se battre contre lui sur son terrain, résister à ses assauts incessants, il n’y pas à douter ces phrases ne sauraient être plus violentes et plus représentatives de la valeur qu’on accorde à la rébellion. Pourtant, le combat de front est-il à lui seul l’unique méthodologie possible ? Est-on vraiment dans la bonne direction lorsque c’est le fusil, la machette ou la trique qui dicte sa loi ?

Linguistique et révolution
La révolution sous-entend, du moins dans le sens commun qu’on accorde à ce terme, une velléité de combat contre un système établi et d’en instaurer un autre qu’on estime être plus adapté, en tout cas moins injuste que celui qu’on attaque. De fait, la dialectique exploitée par les discours révolutionnaires est donc d’un point de vue purement doctrinaire totalement orientée vers le combat, la prise des armes et le reversement radical de la cible. Qu’on observe le bolchevisme de 1917, la révolution Française de 1789, ou les tentatives échouées telle que celle de Zapata au Mexique, c’est toujours par les armes que les mouvements révolutionnaires se sont crûs tenus d’être brutaux pour déloger l’ennemi au moins aussi brutal. Il est donc évident que le premier réflexe de celui qui veut du changement suggère une radicalisation, quitte à oublier finalement quel est l’objectif principal qui était l’équité et la paix pour tous.

Gandhi, un pivot dans l’Histoire des révolutions

Cliquez ici pour lire l'article Wikipedia sur Gandhi

Pourtant, malgré l’amalgame révolution – violence, un symbole, un « messie » apolitique et laïc est apparu : Mahatma Mohandas Karamchand Gandhi, un des pères fondateurs de l’indépendance de l’Inde. Cette année nous fêterons au mois d’août les 60 ans de cet état, ainsi que du Pakistan qui naquit de la partition des Indes colonisées. Revenons sur le personnage de Gandhi : non violent, adepte de la désobéissance civile, il créa le premier mouvement s’opposant réellement aux colons et à leur police en revendiquant l’absence de violence. Fait prisonnier de nombreuses fois, jamais il ne fut symbole de violence mais essentiellement de provocation dans des manifestations très suivies : tissage du coton pour refuser l’importation des textiles Anglais, manifestation du sel consistant en une protestation contre le monopole d’état en marchant de son village à la mer pour y cueillir « le sel de l’Inde appartenant aux Indiens », désobéissance lors de l’effort de guerre pour la seconde guerre mondiale… Gandhi offrit un visage humain à un conflit qui aurait pu tourner à un drame encore plus grand. La révolte par la passivité.
Tout n’est pas idyllique dans ce portrait : après l’accession à l’indépendance, les musulmans Indiens émigrèrent vers les territoires du Pakistan, et inversement les Indiens de foi Hindou le quittèrent pour s’installer dans la jeune Inde indépendante. Dix millions de personnes, le plus grand mouvement migratoire de l’Histoire mais surtout 1 million de morts suite à des pillages, des attaques de bandes armées ainsi qu’après des règlements de comptes.
Pour son engagement personnel pour une assistance d’état aux musulmans Gandhi fit une grève de la faim… puis fut assassiné par un indépendantiste extrémiste Hindou. Il fut déclaré père de la patrie Indienne et son jour de naissance est un jour férié en Inde.

Martin Luther King, le symbole noir contre l’oppression et la ségrégation

Lisez la biographie de pasteur King sur Wikipedia

Si l’on doit parler de Gandhi parlons du pasteur King s’étant engagé à mener une révolution non violente des Noirs contre la survivance des comportements ségrégationnistes et racistes persistant aux Etats-Unis. En plein conflit du Vietnam, au beau milieu des pires crises identitaires de ce pays, King orienta ses supporters à ne pas être violents et se refuser à faire le jeu des racistes. Manifestations passives, emprisonnements volontaires, le but était d’être voyant et ainsi faire blâmer les bourreaux et non les manifestants. Fini la soumission, à eux d’être les maîtres !
Sa plus grande réussite a été de secouer l’opinion publique qui enfin comprit que le problème n’était pas simplement le fait de quelques minorités entêtées mais vraiment un problème majeur de société : ghettos, refus de scolariser les enfants Noirs, discrimination à l’embauche… la situation prit un tournant particulièrement fort grâce à son discours devenu célèbre : « I have a dream ».
Assassiné le 4 Avril 1968 dans sa chambre d’hôtel par un homme supposé être ségrégationniste (des témoignages plus récents mettraient en doute cette théorie), le jeune pasteur (il est décédé à l’âge de 39 ans) offrit tout de même quelque chose d’inestimable au peuple Noir des Etats-Unis : l’espoir.
Son anniversaire est aussi un jour férié aux USA: le troisième lundi du mois de Janvier est donc le « Martin Luther King Day ».

Seulement, après avoir mis en parallèle ces deux figures, pourquoi leurs destins ont-ils convergés vers une mort violente par assassinat ? Un apôtre de la paix est-il si dangereux ? A croire que l’Homme ne comprendra jamais où est son bien…

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