14 mai 2007

La vanité ou le mouvement perpétuel humain.

L’Humanité cherche sans cesse une méthode ou une technique lui permettant de générer une énergie inépuisable, une façon de créer le « mouvement perpétuel ». Ainsi, l’idée serait donc de lancer une machine quelconque et de ne plus avoir à s’en soucier pendant des siècles. Etonnamment bon nombre de personnes se penchent chaque année avec plus ou moins de sérieux sur la grave question qui les taraude qui est de savoir si oui ou non c’est faisable… d’ailleurs chaque année un illuminé ou deux tentent de vendre une solution soi-disant efficace, pour finalement n’être qu’un canular ou pire encore une ineptie. Pourtant pauvres bougres, n’avez-vous pas remarqués que le mouvement perpétuel est présent à chaque moment de votre existence ? Oui ! Je l’affirme, nous détenons en nous cette science magique qui est… hélas… la vanité.

Ecoutons nous parler, enfin tentons péniblement de le faire : qui n’a pas été surpris par l’imbécile vanité de son voisin – ami – cousin (liste non exhaustive) ? L’Homme adore s’auto congratuler dans le seul souci de rassurer l’ego que « On n’est pas si mauvais que ça finalement ! », et dans les faits cela génère bien des conflits pénibles et idiots où seuls les tempéraments sont en lutte et non réellement les faits pris sous le regard austère et studieux de la science. Pour qui n’a pas ressenti l’envie démoniaque d’étrangler le beau parleur précédant ses phrases de « moi je », il est difficile de comprendre la douleur profonde que ces imbéciles peuvent provoquer, car non content d’être une pollution sonore intraitable par des procédés techniques classiques (qui irait construire un mur antibruit entre soi et son voisin de table ?) l’ahuri trouvera toujours le terrain favorable à rendre son auditeur fou de rage. Par bonheur je suis rarement bloqué à proximité d’un malandrin de cette espèce… et puis j’ai la fâcheuse tendance à les fuir à toutes jambes.

On m’objectera aisément que j’ai un ton démagogue, que je fais la leçon et que parfois celle-ci n’est pas justifiée. Certes, je concède sans douleur cette façon peu orthodoxe de communiquer, mais elle est fondatrice de réactions et de réflexions, et à ce titre je suis demandeur. Le débat est une manière d’avancer et non de se scléroser dans des convictions martelées à tout bout de champ dans les oreilles qu’on espère évangéliser avec sa foi indéfectible. Nous sommes toujours d’accords avec nous même non ?

Aux vaniteux j’ai souvent envie de répondre que chacun a trouvé un secteur ou une activité où il excelle et que bien qu’étant apparemment passé maître dans un sujet il trouvera forcément un polémiste plus éloquent pour démonter sa dialectique. Tout le jeu de la parole est d’offrir des armes qui sont souvent délicates à manier mais souvent dévastatrices, mais un vaniteux se braquera toujours en prétendant que toute autre méthodologie est une hérésie ou une insulte notoire. La vanité rend con et sectaire, et les cons ce n’est pas la ressource la plus rare qui soit parmi les Hommes, et pour le coup je reste alors silencieux afin que ce fat reste bien engoncé dans ses bêtises.

Plus c’est gros, mieux ça passe et le vaniteux en joue souvent, c’est même une des forces de sa faconde. Faire croire qu’il est détenteur d’une science inaccessible est un pouvoir absolu, la lueur des miracles parmi l’obscurantisme des foules inaptes à comprendre ses hautes élucubrations intellectuelles, mais sa vacuité s’en trouve alors totalement inondée de clarté, devenant ombre invisible dans l’éclat de sa pertinence. Si ce tempérament fier et orgueilleux se contentait d’être dans le domaine des technologies cela ne serait guère plus qu’un pet dans le vent, mais malheureusement la vanité touche tous les domaines de la société : vous êtes vous fait reprocher vos opinions politiques, la couleur de votre compagnon, la qualité de votre voiture ou le choix de votre papier peint ? Alors vous saisirez d’autant plus l’agaçante prédisposition du vaniteux à vous rendre hargneux et méchant.

Ne cédez pas à la panique dans le cas d’une charge d’un vaniteux, au contraire offrez vous un moment de pur loisir intellectuel ! Les règles du jeu sont d’une simplicité enfantine : laissez le parler, attrapez les non sens à la volée, et une fois essoufflé servez vous chaudement des bêtises en les retournant contre votre interlocuteur. Soyez didactiques, patients et même un rien condescendants avec un trémolo de générosité dans la voix : « Tu comprends, là tu pourrais comprendre autrement parce que… ». Ne vous faites pas dénonciateurs, jouez la pertinence et non l’attaque frontale. On ne gagne pas une guerre contre un vaniteux, on le laisse s’enliser jusqu’à sa capitulation sans combat.

Pour finir, l’humilité est facteur de bien des richesses, car si l’on écoute celui qui propose son idée sans fierté déplacée, qui est capable d’être un vrai théoricien concis et précis alors l’on aura toujours plaisir à tendre l’oreille et analyser sans passion les propos émis. Bien sûr être contre sera possible, mais sans haine et sans rejet systématique. Dites vous bien qu’en jouant la vanité de ne pas être pour l’homme au pouvoir (euphémisme) vous ne faites qu’intensifier les convictions par effet de réaction. N’oubliez pas la leçon du vote frontiste : à force de renier les quatre millions d’électeurs ceux-ci se sont convaincus de voter utile…

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