03 mai 2007

Après les anars…

Passons donc à ceux qui se disent tout autant artistes, qui font preuve de la même prétendue volonté politique et qui, jour après jour, s’affichent vertement comme étant « de droite ». Autant l’excuse de la jeunesse, d’un certain lyrisme est tolérable pour la même catégorie de rapporteurs populaires, autant là le prétexte me semble tout particulièrement fallacieux. En quoi être « de droite » est une preuve indiscutable de faire partie d’une élite intellectuelle ? Ce serait comme annoncer fièrement que d’être myope vous rend plus efficace pour comprendre la peinture de l’ère cubiste. La relation, une fois de plus m’échappe totalement.

C’est établi : si l’on veut passer pour un intellectuel proche des hautes idées qui contrôlent le monde, mais qui bien entendu dépassent et de loin ceux qui y vivent, vantez vous d’être de droite, surtout si vous êtes classé parmi les artistes en vogue ou à la pointe. L’essentiel n’est pas, loin s’en faut, d’être réellement novateur dans son art, le concept est juste d’afficher sa différence avec les « petits anarchistes post soixante huitards » en suggérant implicitement une forme plus aigue de réflexion, une profondeur d’étude de la science sociale et pardessus tout une connaissance inégalable des tares de notre société. Je m’insurge : la politique ne se fait pas en jouant un hypocrite théâtre des vaniteux, il se fait par un volontariat et une action concertée, intelligible où une ligne de conduite peut être tracée sans équivoque. Nul n’est tenu de se montrer pour revendiquer, mais celui qui revendique lui est tenu de se montrer.

S’il me venait à l’esprit de lister grossièrement les plus grosses badernes boursouflées d’autosatisfaction à l’idée d’être « de droite », il me faudrait alors commencer par rappeler que dans ces têtes d’affiches (et accessoirement de turcs des journaux torches derrières qui osent se prétendre presse d’investigation), on ne compte plus les artistes fumistes qui s’éprennent du rocher ou bien des pâtures Suisse. Qu’on m’explique alors où est la crédibilité de l’intellectuel qui d’un côté veut se faire porte-voix d’une branche politique alors que de l’autre il fuit ce qui apporte à ce même système ses fonds premiers. Là est à mon avis le non sens pathologiques des bien pensants.

J’ironise, je tergiverse et agresse verbeusement les intellos de droite, mais à priori ils prêtent le flanc à une critique encore plus amère : n’est-il pas facile de se placer du « bon côté » (Merci monsieur Dutronc) au lieu d’assumer certaines colères légitimes ? Eu égard à l’auditoire qu’ils véhiculent, j’estime que l’artiste doit avoir une haute conscience de ses responsabilités sur le terrain propagandiste. Bien heureux celui qui apprécie le personnage sans pour autant se satisfaire d’opinions pré mâchées, et qui responsable de ses propres idées se refusera à suivre l’imbécile étoile sur le chemin des messies d’opérette. La voix doit être forte, franche, elle peut même être un soutien pour un parti, mais il est, encore une fois, hors de question de rejoindre une voie sous le malheureux et pitoyable prétexte d’être « une personne bien comme il faut ».

A ce compte, je doute que la plupart des intellectuels se disant de droite soient plus intellectuels que celui qui chaque matin prend soin de vos poubelles en sifflotant avec nonchalance le dernier tube à la mode des radios de jeunes. Lequel des deux peut avoir une influence ? Celui qui offre ses lèvres au vent de l’air du temps ou celui qui braille sa mélopée personnelle qu’il agrémente d’une teinte politico mystique, car en effet entrer en droite intellectuelle c’est un peu entrer en secte et se faire des amis « qu’on n’aurait pas eu en étant à droite ».

L’influence majeure qu’il y a à pénétrer les arcanes de l’intelligentsia (voire de la nomenklatura) de droite c’est avant toute chose une possibilité non négligeable de s’attirer les bonnes paroles d’un maire un rien trop à cheval sur la ponction des impôts locaux, la bonne presse du quotidien aux orientations marquées et même des places d’honneur dans les meetings qui ressemblent de plus en plus à des messes Luthériennes vêtues du jasuble pailletés des spectacles à l’américaine.

Ceci dit, après ces congratulations chaleureuses de nos artistes nationaux, serait-il exagéré de prétendre à les mettre dans le même sac à ordures ? Les deux mouvances cherchent là où il n’y a pas lieu de chercher une représentativité mal fondée, dans les deux cas il s’agit donc d’une publicité gratuite, sans effort et qui peut le cas échéant contenir une petite part de sincérité… mais dans l’absolu qui pourra s’en assurer ?

Pour conclure, j’aime vraiment les artistes, ils sont l’essence même de la richesse culturelle d’un pays, mais je les hais quand ils se posent en professeurs d’éducation civique qui expliquent aux smicards et aux chômeurs ce qu’il faut voter et pourquoi, alors qu’eux-mêmes ne comprennent plus vraiment ce qu’est la réalité quotidienne d’un Français « d’en bas ».

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Là je te suis Frédéric !

Ancolie