10 mai 2007

13 ans déjà !



Nelson Mandela

Comme le temps passe vite ! Jour après jour je consulte un éphéméride sur la toile de manière à retrouver certaines dates clés et pouvoir en parler un peu à ceux qui comme moi ont une mémoire parfois défaillante. Concernant le 8 Mai et les commémorations je resterai silencieux au titre qu’il serait scandaleux d’ignorer la portée de ce symbole mondial… enfin, connaissant les Humains…

Petite information: les textes en gras sont l'oeuvre de Monsieur Mandela et non mes élucubrations pathétiques...

Donc que s’est-il passé ce 10 Mai 1994 ? Un attentat ? Une catastrophe quelconque qu’un journaliste trop zélé aura taxée de « sans précédent » ? Pas le moins du monde, c’est le miracle, la révolution et le renouveau d’une société emmurée dans une politique inique dont il s’agit. L’Afrique du sud ! Treize ans déjà que Mandela a été élu en tant que premier président noir de cet état. Rien que ce fait mérite un jalon dans l’Histoire de l’Humanité, tant pour la portée effective de la fin de l’apartheid que pour sa portée symbolique d’un véritable chef d’état noir aux commandes d’un état précédemment totalement blanc.

Aujourd’hui personne ne s’étonne qu’une personne « non blanche » puisse participer dans les gouvernements des républiques modernes : un noir aux commandes de l’armée aux USA, une beur dans un ministère Français, tout ceci nous semble, à raison, totalement normal et équitable. D’accord, mais aurait-on une mémoire un rien trop courte ? Nelson Mandela a été pour bon nombre de noirs le catalyseur de la révolte, une icône du combat jamais abandonné, celui pour une démocratie, pour la liberté du peuple, de tous les peuples. Jusqu’il y a peu de temps envisager de placer un « étranger » - entendre par là un non blanc - de manière visible ailleurs que sur un vélo de la poste tenait du scandale. Mandela représente à mes yeux la force vive d’une lutte qu’avant lui Martin Luther King avait déjà placée sur le devant de la scène aux Etats-Unis.

Ne nous leurrons pas : d’un point de vue juridique Mandela était coupable de terrorisme contre l’état Sud-Africain. Je le dis et l’affirme, oui c’était du terrorisme, des actes dont a dû lui-même porter la conscience et les responsabilités, car même un combat juste peut amener à se transformer en criminel ; pour s’en convaincre, il a créé le parti « Umkhonto we Sizwe » qui militait pour l’action armée contrairement à son parti originel, l’ANC qui lui espérait une réussite à la Gandhi. Ne voyez pas en cette remarque une critique, c’est surtout essentiel dans la suite de cette note.

Prisonnier de 1962 à 1990 après avoir été condamné à perpétuité pour ses actions de politique subversive, Mandela n’aura de cesse de défendre une action non violente, revenant sans hésitation sur ses appels à la guerre en comprenant que le sang n’appelle que le sang.

« J'ai lutté contre la domination blanche et j'ai lutté contre la domination noire. Je caresse l'idéal d'une société démocratique et libre où toutes les personnes puissent vivre ensemble et en harmonie, en bénéficiant de l'égalité des chances. Ceci est un idéal pour lequel j'espère vivre et voir réaliser. Mais c'est aussi un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »

Libéré tant parce qu’un tel symbole ne pouvait mourir en prison sans risquer une implosion du pays que parce que l’apartheid s’effondrait, Nelson Mandela a gardé une ligne de conduite exemplaire : pas de vengeance, pas de revendications indignes, juste l’égalité pour tous les habitants, l’accès normal et libre aux institutions et services publics du pays. Pour qui a vécu l’obligation de prendre un bus « pour noirs », de ne pas pouvoir aller à l’hôpital « pour blancs », ce genre de revendications tenait du miracle. L’Afrique du sud s’est réformée, les lois sont à présent celles d’une démocratie et le sang n’a pas coulé pour des vengeances aveugles. Le président élu a demandé à son peuple, tout le peuple noirs et blancs confondus de laisser les armes dans les râteliers et de s’atteler à la tâche colossale de réformer le pays et les mentalités. Transformer des ghettos en quartiers populaires, rien que cette idée paraissant simple et pourtant inaccessible quelques mois auparavant a été pour bon nombre de victimes des violences gratuites du pouvoir blanc une fierté sans précédent. De sous-hommes ils sont passés au statut de citoyen.

Citoyen, quelle valeur a encore mot ici où la liberté d’expression semble être définitivement acquise ? Nelson Mandela a payé le prix le plus terrible qui soit, une vie entière derrière les barreaux. Bien des Hommes auraient rêvés de mourir plutôt que de croupir en cellule, lui a continué sa lutte personnelle, silencieuse mais acharnée : vivre, vivre pour être là le jour de l’effondrement de l’apartheid.

« Une nouvelle société doit naître de laquelle toute l'humanité sera fière... Nous avons enfin réalisé notre émancipation politique. Nous nous mettons en gage à libérer tous nos frères du servage continu de la pauvreté, de la privation, de la souffrance, et toute autre discrimination. Plus jamais, jamais, et jamais ce beau pays ne devra connaître l'expérience de l'oppression d'un groupe sur un autre... »

Merci Monsieur Nelson Mandela.

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