13 avril 2007

Bâillon médiatique

Il est plus facile de terroriser la planète que de la rassurer sur les bonnes volontés d’où qu’elles viennent. L’information essentielle à retenir aujourd’hui c’est le quasi silence médiatique sur l’évènement pourtant majeur qui se produit en Corée du Nord :

« La Corée du Nord s'est dite prête vendredi à "respecter ni plus ni moins" l'accord multilatéral prévoyant l'arrêt de ses activités nucléaires, mais à condition que les Etats-Unis lèvent d'abord leurs sanctions financières contre Pyongyang. »

N’est-ce pas là une révolution majeure dans les relations internationales avec la dernière dictature communiste du monde ? Pour un pays qui semblait être une menace globale, enfin globale pour l’hégémonie américaine, je constate que l’état totalitaire accepte d’arrêter le développement de l’arme atomique, à la condition évidente qu’on tienne compte d’elle. Il est par conséquent plus difficile que jamais pour Washington de déclarer la Corée du Nord comme étant ennemi de la paix dans le monde exception faite si les USA décrètent unilatéralement que les gestes de détente sont trop faibles pour être intéressants.

Pendant des jours et des jours les ondes de toute sorte ont véhiculées les images des détonations atomiques Coréennes ainsi que des commentaires argumentés sur le danger que représente cette nation pour la stabilité asiatique. Le raisonnement simpliste collant la Corée dans le même bain que l’URSS de Brejnev me semble tout de même un rien exagéré surtout sur la question d’échelle. L’état Soviétique pouvait aligner autant de missiles intercontinentaux que les USA ce qui en soi était LA menace majeure de la guerre froide. Là je ne vois pas comment la Corée du Nord pourrait en aligner plus de deux ou trois et d’une portée toute juste suffisante pour atteindre le millier de kilomètres. Bien entendu on me répondra que c’est suffisant pour toucher sa sœur ennemie du sud, mais dans l’absolu ne vivons-nous pas sous le ciel nucléaire de nos voisins anglais ou nos rejetons Américains ?

Voyons plus clairement les choses : depuis l’effondrement du communisme et la ruine totale des espoirs du collectivisme à la fin des années 80 il n’existe guère plus que le terrorisme international pour représenter un véritable potentiel d’ennemi pour les USA. Contrairement à ce que prétendent bien des économistes les Etats-Unis ne peuvent pas revendiquer une véritable croissance grâce aux produits exportés, mais tout simplement par une politique d’économie interventionniste. Une crise ? On finance une grosse guerre pour relancer les industries. On manque de capitaux ? On déclenche une crise majeure pour que le prix du brut s’envole. On souhaite changer les orientations économiques mondiales ? On exploite le FMI pour faire du chantage sur les nations émergentes. La liste pourrait continuer ainsi.

L’impérialisme américain se comporte comme censeur et comme une dictature de l’information formatée, surtout quand celle-ci ne répond pas aux critères nécessaires aux services de l’état. La Corée du Nord est donc une cible privilégiée parce qu’elle n’est pas capitaliste, parce qu’elle n’en appelle pas au FMI pour se sortir de son économie moribonde et surtout parce que la Corée du Nord n’a pas attendue l’aval du conseil de sécurité de l’ONU (in fine des USA) pour construire sa propre bombe atomique. A ce titre j’ai quelques questions relativement simples à poser à ces chers détenteurs du savoir universel : qui a fourni les savants pour mettre au point l’ogive ? D’où vient l’uranium utilisé par les scientifiques ? De quelle technologie s’agit-il ? Russe ? Américaine ? Française ? La question est lancée, à vous de répondre messieurs de la NSA, CIA et autres agences de surveillance « des autres ».

Ce qui est écoeurant c’est que le pays quoi qu’il dise sera blâmé, taxé de mauvaise volonté et de résistance à la « démocratie mondiale ». Que le système Coréen soit une dictature est un fait, que ses dirigeants soient souverains en est un autre tout aussi clair et inattaquable. Ce n’est ni aux USA ni à qui que ce soit d’autre de décider ou non d’affamer un peuple. L’embargo est la pire des méthodes à employer car elle mène à des manques chroniques et un renforcement de la popularité du dictateur qui se posera en victime de « ceux du dehors ».

Annoncez le bordel, mettez ça en première page : « La Corée du Nord accepter de désarmer si on lui laisse le droit de faire du commerce ». Ca serait plus honnête que « Nous forcerons la Corée du Nord à ne plus jamais fabriquer d’arme atomique ».

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