29 janvier 2007

La secte des bien pensants.

« Ô rage, ô désespoir… » non je ne vais pas vous rejouer le Cid de Corneille, bien qu’il me semble de plus en plus judicieux de faire le parallèle entre cette pièce et l’existence de plus en plus policée de la masse informe et populaire que nous sommes. Rien n’est plus frustrant que d’être d’une part traité en enfant, et d’autre part en inconscient notoire. Quid de la réflexion, de l’autonomie et de l’intelligence individuelle ? je sais, c’est une formule plutôt comique que de prêter une chose à quelqu’un qui ne sait pas s’en servir, mais tout de même doit-on pour autant refuser la capacité de décision sous prétexte que la majorité des gens sont idiots et égoïstes ?

En cela le système actuel m’horripile. Ce n’est plus une démocratie mais la dictature du bien pensant. De plus en plus de personnes adhèrent à cette secte maudite où l’édulcoration systématique est la règle : que ce soit l’alcool, le tabac, le fait de posséder une voiture voire même de se vêtir selon ses choix la secte veut mettre en œuvre tout l’appareil répressif dans le seul but d’instaurer une norme. Pour ma part comptez sur ma résistance citoyenne ! si je dis cela ce n’est pas dans un but purement vindicatif et égoïste, c’est aussi pour rappeler que moi, comme toute personne ayant des droits et des devoirs envers la Nation j’exige qu’on ne me prenne pas pour un imbécile.

Prenons dans un premier temps l’alcool (un bon verre de vin blanc d’Alsace pour commencer). C’est LE crime que de consommer ! allons, vous tous amateurs des miracles viticoles, vous l’ignorez probablement mais vous êtes estimés comme étant des terroristes de la route en puissance. Votre verre est une arme terrifiante, au moins aussi inquiétante et cruelle que pourrait l’être une arme bactériologique. Pire encore, ignoriez-vous que votre liquide est (selon des études de bien pensants) un poison mortel provoquant d’atroces souffrances et accessoirement des altérations affreuses du comportement ? aujourd’hui boire est estimé à peu près avec la même considération que les stupéfiants, c’est-à-dire de manière purement répressive et sans la moindre prévention ou éducation des masses. Ca ne dérange personne de marquer sur les bouteilles « l’abus d’alcool nuit gravement à la santé » mais penserait-on à étiqueter les boîtes de cassoulet avec la mention « en abuser fait monter le taux de cholestérol » ? j’aime boire un verre de temps en temps, la modération aidant je n’abuse jamais (au titre que deux verres me semblent suffisants), et je n’estime pas être une brute dénuée de sensibilité et d’esprit quand, une fois le repas terminé je rentre dans mes pénates. On va me dire « tu défends la picole mais tu te rends compte, les morts sur la route… » j’entends bien, je comprends on ne peut mieux le phénomène, mais pour autant que je sache c’est tout d’abord et avant tout une question d’éducation. Apprenons aux enfants ce qu’est le terroir, la richesse gustative et précisons leur que l’alcool c’est une bonne chose à petites doses. Comme toute chose, en abuser est mauvais, voilà tout.

Mon cendrier fume encore du dernier mégot tassé de mes doigts gourds et je le regarde avec désespoir : ça y est, ce geste fait de moi le criminel le plus scandaleux qui soit. Matraque télévisuelle en tête, le fumeur est l’assassin des foules, le barbare ignorant de ses risques et le fou qui gêne tout le monde avec sa fumée. Hypocrites que vous êtes, ça ne vous dérange pas que des dizaines de milliers de français soient accros aux calmants, somnifères et anxiolytiques sous contrôle médical ? visiblement même si la légalité et la légitimité de la consommation de tabac ne fait aucun doute, c’est le lieu de consommation qui fait de nous des bourreaux. Entre les lois interdisant la consommation dans de plus en plus de lieux et pour autant que je sache une augmentation à venir des taxes ne joue-t-on pas les hypocrites (pour changer) ? Allons-y franchement, prohibons dans le monde entier le tabac, faisons disparaître son existence de manière à ce que cela devienne un monument de notre société rétrograde et jamais avare en substituions chimiques à nos névroses morales. Bien sûr on va me dire que je suis radical, excessif et idiot parce que le tabac fait vivre des industries et des salariés. Quelle blague alors : on entretient donc des problèmes de santé à l’échelle planétaire sous prétexte que des groupes d’influences crient au chômage ? n’a-t-on pas plus de morts par an par cancer que de salariés dans le marché de la fabrication et la transformation du tabac ?
Je suis un fumeur, c’est mon vice principal (en dehors de celui de vous casser les oreilles de mes frustres gueulantes inutiles) et je l’assume en le finançant sciemment, et je n’accepte pas d’être dorénavant traité en paria alors que je ne fais rien d’illégal ! c’est tout de même un scandale ce discours du « tu peux fumer mais là où NOUS vous TOLERONS ». Et si je ne tolère pas la connerie humaine, dois-je demander sur le champ le vote d’une loi me permettant de parquer les cons dans des enclos ? on me traiterait alors (à raison) de fasciste, mais jusqu’où la secte du bien pensant ira-t-elle ?
Et je n’aborde même pas la question des patchs qui sont ENFIN remboursés, et encore remboursés jusqu’à une certaine somme alors que les traitements contre les autres addictions le sont pleinement, mais là je m’éloigne…

A présent l’Etat a l’intention de nous tenir par la main, de nous suivre pas à pas (jusque dans ma salle de bains… SALAUDS !) et de nous dire comment et où vivre « sainement ». Ca n’empêche nullement le monde de s’autodétruire à coups de pollutions diverses et variées, de consommer jusqu’à plus soif nos ressources limitées et de clamer haut et fort que l’année sera écologique. Quelle imbécilité ! je ne suis ni idiot ni exigeant, je ne demande qu’une chose, c’est qu’on me foute la paix : si vous ne voulez plus de fumeurs, prohibez. Vous ne voulez plus d’alcooliques, prohibez, mais merci ne jouez pas les faux culs (et je pèse mes mots) pour de simples vues politiques. Oui ! On emmerde le monde non pour des questions de santé publique mais de vulgaires raisons sociales : les non fumeurs nous prennent pour des pourris à assumer NOTRE vice légal mais ça ne les dérange visiblement pas d’avoir une attitude raciste envers ceux qui PAIENT l’état pour avoir le droit de consommer.

Je m’énerve là, tiens je vais m’en fumer une et l’arroser une petite vodka sans glace (nota : si vous servez de la vodka, laissez la au congélateur et ne mettez pas de glace dedans. Jusqu’à nouvel ordre on ne rafraichit pas un vin avec de l’eau… à moins d’être Américain).

A bon entendeur…

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