23 juillet 2018

Exercice de dictionnaire

Fut un temps déjà lointain, j’adorais m’amuser à prendre quelques mots pour en faire des définitions plus ou moins grotesques, à l’instar d’un dictionnaire où ses auteurs se seraient totalement fourvoyés lors de sa rédaction. De fait, l’exercice a ceci d’amusant qu’il n’est pas cantonné à des mots amusants, et qu’en conséquence de quoi on peut autant y trouver des thèmes apparemment sérieux que parfaitement ridicules. Le mot est une chose amusante, on peut le triturer, en dériver le sens, rire à son usage à contre-emploi, et pardessus le marché faire des mots d’esprit quand ils se mêlent de contrepèteries, d’acrostiches ou d’autres astuces littéraires.

Alors partons s’amuser avec une petite farandole de mots… et si vous avez à l’esprit une collection de termes propres à vous faire rire, n’hésitez surtout pas, les commentaires sont là pour ça !

Histoire
Mot à prendre autant avec un « H » majuscule que des pincettes. L’Histoire est une manière de narrer des évènements, le tout teinté des opinions et autres réflexions d’experts qui, sous couvert de spécialisation, se permettent de faire dire aux faits tout autre chose que la vérité. L’Histoire est donc l’art de raconter le passé, tout en y collant une bonne dose de clichés et de propagande. Prenez l’Histoire du moyen-âge. Que voit-on d’emblée ? Des paysans crasseux, des pandémies de peste et de choléra, des populations rétrogrades qui semblent avoir oublié ce que put être la richesse et la finesse romaine. Et pourtant, ce raisonnement, bien qu’apparemment avéré, est d’un absurde absolu. Si l’on peut parler des cités romaines ayant démontrées une richesse intellectuelle, culturelle et technologique, c’est aussi oublier que l’immense majorité des habitants de cet empire n’avaient rien à envier pour les générations ultérieures. De la même manière, bien des périodes historiques sont passablement maltraitées par les médias de manière à faire croire, à tort, que nous autres « modernes » nous faisons mieux à bien des titres. Curieux quand on songe que nous continuons à faire la guerre, à massacrer l’autre pour des différences religieuses, d’opinion ou de couleur de peau, que nous polluons encore et encore notre environnement, et que finalement notre existence n’est pas spécifiquement moins malsaine qu’avant. Le « C’était mieux avant » n’est pas plus valable que le « c’est mieux maintenant » car tout dépendra du point de vue, du lieu et de quelle population on parle. En bref, l’Histoire, ça sera de faire le tri parmi des hypothèses, exclure les apocryphes et autres actes de propagande, de regrouper le tout… et d’en refaire les couleurs au gré de l’instant présent.

Morale
Procédé intellectuel permettant d’instaurer des règles plus ou moins strictes et abusives à des populations qui les accepteront plus ou moins bien. Dans l’esprit, la morale est une liste de règles plus ou moins tacites supposées réguler nos relations sociales. De là, ce mode de fonctionnement permet évidemment d’avoir un comportement plutôt homogène, voire même de rendre répugnant certains comportements dits « déviants ». Alors, en se conformant à une morale générale, on peut clairement énoncer que voler c’est pas bien, qu’on ne doit pas tuer son prochain et j’en passe. Pourtant, toutes les règles sont vouées à évoluer, voire même à être contredites par le quotidien et le concret. Il serait « immoral » selon certains que des gays se marient, tout comme il serait totalement moral de tuer autrui à partir du moment qu’on se donne une bonne raison. Alors, ne soyons pas malhonnêtes, la moralité est aussi variable que notre acceptation d’une société sans cesse en mouvement. Ainsi, si l’on revient à l’homosexualité, la morale romaine ne la réprouvait pas, alors que la nôtre a encore bien du mal à la considérer comme normale. Au même titre, nous rejetons (légitimement de mon point de vue) la pédophilie, là où ces mêmes romains la considéraient comme une sexualité parfaitement normale. Les mœurs évoluent, les gens aussi en principe, mais en pratique la morale n’est qu’un reflet de son temps, et elle est vouée à changer au gré des religions, des politiques et du temps présent.

Nom
Accessoire à inscrire sur des documents d’identité. Le nom (sous-entendu de famille) est une invention administrative afin de pouvoir distinguer des résidents dans une zone, et de ne plus se cantonner à un simple « tiens bidule habite à côté du moulin ». Tout état qui se respecte a besoin de données administratives, de pouvoir dire qu’untel est unique et que personne ne pourra être pris pour lui en cas de problème, ou encore de bien pouvoir faire le tri parmi toute une lignée où des parents, peu imaginatifs, ont nommé leurs fils Paul à chaque niveau de l’arbre généalogique. Ce qui est amusant avec les noms, c’est d’en chercher les raisons profondes. Alors, il est facile de trouver une explication à « Dupont », ou encore à une « Deschamps », mais comment justifier des gens dont le destin a eu le malheur de mettre un nom de famille comme « Connard »… Cela laisse songeur sur le fonctionnaire zélé qui a renseigné la première fiche d’état civil…

Propriété intellectuelle
Définition hasardeuse tendant à essayer de prouver qu’une idée ou une invention provient bien d’une seule personne, et que nulle autre qu’elle en dispose pour la rentabiliser. Ce concept existe tant dans les arts (littérature, musique…) que dans l’industrie (brevets, droit à la copie, propriété des noms de marque…). Et là, on se dit « ben oui, ils ont créé l’œuvre, pourquoi leur refuser de toucher du fric dessus ? ». Ce raisonnement, bien que respectueux et légitime, serait intéressant s’il n’y avait pas la bêtise humaine derrière. Voici quelques cas « comiques », du moins s’ils n’avaient pas mené à des guerres d’avocats et à des procès absurdes. Vous utilisez un ordinateur. Vous utilisez une souris… Hé bien, figurez-vous qu’un type avait voulu coller un brevet sur le concept de « clic souris » afin de toucher de l’argent sur chaque équipement fonctionnant sur ce principe ! Culotté, non ? Il y a tout aussi « comique » quand des géants de la téléphonie se mettent sur la tronche parce que « X il a copié la forme de mon téléphone »… Ah, c’est sûr, quand on voit les appareils alignés, il m’arrive bien souvent de me dire « heuuu c’est quelle marque ? » si rien n’est noté sur la carcasse de l’appareil. Mais bon, le design et moi... Mais il y a le summum, la finesse incarnée, à savoir des sociétés qui ont pour seule spécialité de racheter des milliers de brevets vagues, mal rédigés, ou trop libres afin de procéder à un racket ultérieur. C’est notamment le cas dans les technologies. On a eu des quantités débiles de procès en « patent troll » où une boite inconnue du grand public attaque un géant de l’électronique en leur disant « j’ai le brevet XXX qui contient un truc suffisamment vaste et mal foutu pour que votre nouveau téléphone/ordinateur/console de jeux cadre avec… Sortez le chéquier ! ». Hé oui, nous protégeons les artistes (en principe), les créateurs (sur le papier), pour finir par voir le système détourné pour, une fois de plus, faire de l’argent. L’homme ne manquera jamais d’imagination pour refaire les règles à sa guise, n’est-ce pas ?

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